Le Neuer Wanderbund s’est rendu le 11 novembre dernier sur le sommet tourmenté du Hartmannsweilerkopf qui a connu l’une des plus sanglantes batailles du XXe siècle.

Considérée par beaucoup comme le Verdun alsacien, ce ne sont pas moins de trente mille soldats français et allemands qui perdirent la vie lors de cette bataille où diverses technologies meurtrières furent employées pour châtier l’ennemi, comme le Minenwerfer ou le lance-flammes.

Lorsqu’est évoquée la quantité de morts qu’a engendrée cette guerre il vient à l’esprit de beaucoup, disons plus clairement les Alsaciens habités par l’univers mental français, d’évoquer l’issue de celle-ci en exhumant bien sûr les quelques gloires que la doxa s’est engagée à promouvoir, notamment celle des Alsaciens qui furent libérés de leurs geôliers allemands par leurs anges gardiens français.

Le processus est allé jusqu’à faire oublier aux jeunes alsaciens que leurs ancêtres se battaient sous la bannière du Kaiser et qu’ils n’étaient pas simplement des mercenaires mais des Allemands comme les autres, engagés dans la défense de la patrie allemande.

C’est ainsi que cette Wanderung était spécialement organisée : imposer à notre mouvement une irréprochable rigueur d’esprit et une honnêteté implacable vis-à-vis de l’histoire, ainsi que mettre une part de politique dans notre action ; car Dieu sait combien à travers le péril démographique que traverse actuellement l’Europe les descendants de ces millions de morts auraient été utiles à nos côtés.

Honnêteté implacable disions-nous ? Il s’agit effectivement de déplorer le lavage de cerveau des Alsaciens qui en sont réduits à détester leurs frères allemands, à entretenir du ressentiment contre ceux qui partageaient pourtant leurs tranchées un siècle plus tôt tandis que des dangers plus grands nous guettent aujourd’hui comme en témoignent la rubrique « faits divers » des journaux, les violences physiques et verbales que subissent les Européens sur leurs terres ou la dégradation progressive de leurs conditions de vie.

Encore faudrait-il savoir ouvrir les yeux et surtout ne point se laisser aveugler par l’idéal dépassé des nationalismes du XIXe siècle.

Le Neuer Wanderbund a décidé dans une grande solennité de déposer une gerbe de fleurs aux couleurs de l’Alsace dans le cimetière allemand des Uhlans pour témoigner sa reconnaissance envers tous ceux qui sont tombés pour nous : Gefallen für uns.

Tombés pour nous, pour la patrie, pour leur famille, leurs amis, le voisin à qui ils souriaient tous les matins, la fille qu’ils convoitaient, espéraient revoir, épouser, bâtir une grande lignée. Tombés pour nous, pas pour ces principes abstraits comme la République, les droits de l’homme ou l’égalité comme s’accordent bêtement à répéter les ânes détournés par la propagande qui voudrait les éloigner de l’avenir en réaffirmant les querelles européennes du passé.

Quand les Français, les Allemands et les autres Européens se rendront-ils compte que notre destin à tous est lié dans l’abîme ?

Si se battre durant quatre ans pour occuper en définitive les mêmes positions qu’au début du conflit est historique, comment pourrions-nous qualifier ce repli sans précédent des Français qui n’occupent plus certains des quartiers qui portent pourtant le nom de territoires républicains ? Comment qualifier cette entreprise d’élimination de l’âme européenne dans chacune des œuvres artistiques qu’écoutent pourtant les jeunes, éduqués et divertis dans un univers mental qui n’est pas le leur ?

Est-ce donc ça, notre destin ? N’y a-t-il pas un parallèle à faire avec la situation des alsaciens à qui l’on a dérobé cette appartenance à l’Allemagne ? Y a-t-il quelques raisons d’appeler Alsace une région dégermanisée, fourvoyée dans la perte de sa langue, habitée par d’autres populations, à qui l’on a ôté le souvenir de ceux qui sont morts pour elle ?

L’auteur de ce court article revendicateur l’affirme : si le vainqueur d’une guerre se couvre de gloire après la capitulation de l’ennemi, c’est parce que ce dernier était un adversaire de renommée qui lui a livré grande bataille. Il n’y a pas de grande victoire sans grand adversaire, pourvu que ledit adversaire soit pleinement reconnu au bout de la course !

Europe unie pour ne plus qu’un tel charnier n’arrive ! Europe unie pour affronter les périples d’aujourd’hui !

 

En remerciant tous mes lecteurs, vielen dank !

 

Dr’ Seppi